Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1944, Page 251
BIBLIOTHÉQUE DE L’UNIV. DE HELSINKI 221
1815. L’administrateur était alors F. W. Pipping, qui occupa son
poste jusqu’en 1845. Animé du méme esprit que Porthan, il con-
tinua les idées de celui-ci. La Finlande ayant été liée par l’union
personnelle á la Russie, le tsar Alexandre Ier accorda, en 1811, sur
le nouveau budget de l’Université, des crédits considérablement
plus élevés á la Bibliothéque. Gráce surtout á cette générosité, la
Bibliothéque s’accrut assez vite, de sorte qu’elle possédait prés de
40.000 volumes lorsque l’incendie qui éclata á Turku, le 4 sep-
tembre 1827, et qui, en deux jours, détruisit presque toute la ville,
dévasta également la Bibliothéque et ses collections.
Cette catastrophe marque la fin de l’activité, si riche en tra-
ditions, de l’Université de Turku. Par décret impérial, elle fut
transportée á Helsinki, devenue, en 1812, la capitale du pays. Ni
les professeurs, ni les fonctionnaires de l’Université n’appréciaient
ce changement et se défiaient en général des intentions des di-
rigeants. Mais puisque la chose était faite, il s’agissait de continuer
les traditions de l’Université; il fallait s’occuper surtout de la bi-
bliothéque, qui devait étre recréée presque de rien. Aprés l’incen-
die, il ne restait sur les 40.000 volumes que 827, qui étaient pré-
tés au moment du sinistre. Avec beaucoup d’énergie, et fortement
appuyé par l’administration de l’Université, Pipping entreprit de
constituer une bibliothéque qui répondít aux besoins de l’Uni-
versité. A l’automne de 1828, le Consistoire de l’Académie fit pas-
ser dans les journaux un appel « A nos concitoyens finlandais », les
invitant á offrir á la Bibliothéque des livres publiés en Finlande
et des manuscrits relatifs á l’histoire nationale.On reconnaít l’esprit
de Pipping dans l’accentuation de la perte du fonds national et
de la nécessité de son rétablissement. Les dons, qui avaient com-
mencé á affluer dés avant la publication de cet appel, ne se limi-
taient pas aux publications dites « fennica », mais comprenaient
en majeure partie des livres étrangers, qui faisaient aussi grave-
ment défaut á la bibliothéque. En méme temps qu’on lan^a cet
appel á faire des dons de livres, on organisa des collectes dans
toutes les paroisses du pays. Les registres des dons, qui ont été
conservés, contiennent plus de 32.000 noms, chiffre énorme pour
l’époque. Il est piquant de parcourir ces listes, ou des professions
telles que « petit fermier », « locataire rural », «pécheur », « gar-
§on de ferme » reviennent souvent, alors que, chose curieuse, les
classes plus élevées n’y sont guére représentées. Les dons en espéces
étaient aussi le plus souvent modestes, et le chiffre total de la
souscription ne s’éléve qu’á prés de 12.500 roubles.