Milli mála - 01.06.2016, Blaðsíða 105

FRANÇOIS HEENEN
Milli mála 8/2016 105
teur à un moment T du passé a besoin de me parler}. La fonction
pragmatique de l’imparfait dans cet usage consiste à rendre mutuel-
lement manifeste l’intention communicative de rendre mutuelle-
ment manifeste une intention informative autre que celle qui aurait
produit les implications redoutées. Le contenu même des RS est
donc secondaire.
7. Usage stratégique de l’imparfait dans
les phrases hypothétiques
Cette section sera consacrée à l’usage de l’imparfait dans les pro-
tases de phrases hypothétiques . Je vais commencer par présenter
l’approche aspectuo-temporelle de cet usage, en me basant sur les
analyses de Laurent Gosselin, Jacques Bres et Adeline Patard .
Ensuite je présenterai mon hypothèse selon laquelle l’imparfait n’en-
code pas le passé dans cet usage. Des exemples contextualisés servi-
ront ensuite à montrer la stratégie communicative du locuteur dans
ses emplois d’imparfait.
Les trois analyses en question considèrent les valeurs de passé et
imperfective de l’imparfait comme indispensables à la construction
du contenu des phrases hypothétiques. Le problème le plus épineux
auquel est confronté l’approche aspectuo-temporelle est que le procès
décrit par le verbe à l’imparfait se situe bien dans le présent ou le
futur, jamais dans le passé. Ceci se constate par le fait que les adver-
bes exprimant une valeur de passé sont incompatibles dans les pro-
tases, à l’inverse de ceux qui se rapportent au présent ou au futur :
11) « S’il rentrait chez lui à l’improviste *hier/ maintenant/
demain soir, il trouverait sa femme au lit avec l’autre.21»
Pour justifier l’approche aspectuo-temporelle, Laurent Gosselin consi-
dère que c’est « le moment de la modalité d’assertion » que l’impar-
fait situe dans le passé et non le procès, alors qu’Adeline Patard et
Jacques Bres considèrent que c’est l’énonciation du procès par un
21 Exemple emprunté à Jacques Bres, « L’imparfait : l’un et/ou le multiple ? », p. 22.