Milli mála - 01.06.2016, Blaðsíða 162
LE FRANÇAIS STRINDBERGIEN EN TRADUCTION
162 Milli mála 8/2016
point d’exclamation et vice versa. Cet usage non conventionnel est
très souvent nivelé par Mongelli.
Exemple 2
Contexte : l’extrait est tiré de la fin du premier chapitre. Axel
fréquente régulièrement la maison de Gustaf et de Maria. Il se
rapproche de Maria, alors que Gustaf est attiré par la cousine de son
épouse. Axel et Maria tombent amoureux. D’après Maria, Gustaf
fond en larmes en l’apprenant, mais lui pardonne tout en demandant
que Maria et Axel agissent comme frère et sœur. Maria est mal à
l’aise avec cet arrangement alors qu’Axel interprète la réaction de
Gustaf comme un affront à sa masculinité.
Manuscrit original (1887–1888)38 :
Je reste dans ma chambre ce matin, en proie aux affres de la déception la
plus cruelle. J’ai mordu à la pomme et on vient me l’arracher. Elle, la
superbe, elle se repent ; elle souffre de remords, elle m’accable de
réprimandes. Elle, la séductrice !
Une idée infernale me saisit ! Est-ce, est-ce par hasard, que la femme m’ait
trouvé trop chaste ! Que le dédain de ma timidité lui ait amené à démordre !
Elle n’a pas eu souci du crime, devant lequel j’ai reculé, donc son amour
est plus vaste que le mien.
Mais revenez encore une fois, ma belle, et tu verras !
A dix heures du matin un billet du baron m’appelle à la baronne qui est
gravement malade.
Ma réponse : non ! laisse-moi allez en paix, je ne veux plus être le trouble-
fête de votre ménage ! Oublie moi comme je vous ai oublié.
Vers midi, le deuxième billet du baron.
« Revenons à nos premières relations. Mon estime est à toi, car je suis
persuadé que tu t’es conduit en homme d’honneur. Mais jamais un mot de
ce qui s’est passé. Retournez dans mes bras comme un frère et que tout soit
comme jadis ! »
La simplicité touchante, la confiance absolue de cet homme, m’attendrissent,
et je lui transmet une lettre pleine de scrupules, et avec la prière de ne
point jouer du feu, de m’accorder la libre sortie.
A trois heures l’après-midi un dernier billet. La baronne est à l’agonie, le
38 Le Plaidoyer d’un fou, August Strindberg, SV 25, pp. 381-382.