Milli mála - 01.06.2016, Side 99

FRANÇOIS HEENEN
Milli mála 8/2016 99
Supposons que Jeanne après avoir interprété les deux phrases de
Jean ait dans la mémoire de son dispositif de déduction les hypothè-
ses suivantes
{Jean est fatigué}
{Si Jean est fatigué, il souhaite que Jeanne fasse à manger}
{Jean veut que Jeanne fasse à manger}
La première hypothèse est la pensée exprimée par le dernier énoncé
que Jeanne a interprété, la seconde est une prémisse qui, combinée
avec cette pensée, donne l’implication contextuelle {Jean veut que
Jeanne fasse à manger}. Supposons que ces hypothèses soient consi-
dérées par Jeanne comme probables mais non certaines. Ces hypo-
thèses constitueront ce que la TP appelle le contexte initial17. C’est
le contexte le plus accessible dont dispose Jeanne si elle doit inter-
péter un nouvel énoncé de Jean dans le cadre de la même conversa-
tion. Imaginons par exemple que Jean, après avoir dit « Je suis
fatigué » rajoute :
4 c) « ... J’aimerais que tu fasses à manger. »
Ce nouvel énoncé renforce l’hypothèse {Jean veut que Jeanne fasse à
manger}. Il est donc pertinent dans le contexte initial. Imaginons
maintenant comme deuxième cas qu’au lieu de dire 4c, l’énoncé de
Jean soit celui-ci :
4 d) « ... J’ai dû faire un pontage coronarien. »
Dans ce cas Jeanne a besoin d’élargir le contexte initial en y intro-
duisant une hypothèse encyclopédique attachée au concept {pontage
coronarien}. Cette hypothèse peut être {le pontage coronarien est
une opération fatigante}. De cette hypothèse elle déduira {Jean a
fait une opération fatigante} qui renforcera {Jean est fatigué}.
Mais imaginons maintenant une troisième version de cette
conversation entre Jeanne et Jean :
17 Mon terme « contexte initial » correspond aussi bien aux termes immediately given context que
initial context dans Sperber et Wilson, Relevance communication and cognition, respectivement p. 140
et 145.