Milli mála - 01.06.2016, Síða 100
IMPARFAIT ET MODALITÉ
100 Milli mála 8/2016
4 e) Jeanne : « J’aimerais bien manger un osso-bucco ce soir. »
4 f) Jean : « J’ai eu une journée difficile. J’ai dû faire un pon-
tage coronarien. »
Supposons que le contexte initial dont dispose Jeanne, en plus des
hypothèses interprétées sur base des deux énoncés de Jean, conti-
endrait la prémisse {si Jean est fatigué, il souhaite que Julie fasse à
manger} comme dans les versions précédentes. Jeanne, dans ce cas,
va d’abord inférer à partir du concept {Jean} l’hypothèse encyclo-
pédique {Jean est chirurgien} et grâce au concept {chirurgien} elle
peut accéder à l’hypothèse {un chirurgien fait des pontages coronari-
ens} et en dernier lieu grâce au concept {pontage coronarien} elle
accèdera à l’hypothèse {le pontage coronarien est une opération
fatigante} ce qui lui permettra, en se servant de la prémisse de
déduire l’implication contextuelle {Jean veut que je fasse à manger}.
Nous voyons à travers ces trois exemples comment la sélection
du contexte s’organise : l’interlocuteur commence par sélectionner
le contexte initial, celui qui est le plus accessible à lui. Si l’énoncé
qu’il traite n’a pas d’effet cognitif dans ce contexte, il va l’élargir de
la façon la plus économique possible, avec des hypothèses encyclo-
pédiques attachées aux concepts inclus dans les hypothèses de ce
contexte. Si l’énoncé reste impertinent, il va élargir le contexte en-
core plus, en se servant des concepts de ces hypothèses encyclopédi-
ques, et ainsi de suite, jusqu’à ce que la pertinence de l’énoncé soit
confirmée.
5. Influence de l’imparfait sur le choix du contexte
Dans Heenen, Imparfait et Stéréotypes j’ai expliqué que certains énon-
cés à l’imparfait engendraient des effets cognitifs faibles parce que
le destinataire sélectionnait une HE sans être complètement sûr que
ce soit celle que le locuteur voulait rendre mutuellement manifes-
te18. Je dirais qu’il est clair que, dans de tels énoncés, l’HE et la RS
ne sont pas des extensions du contexte initial, parce que si tel était
le cas, cette faiblesse des effets cognitifs ne seraient pas ressentie.
Imaginons un exemple :
18 Voir Heenen, « Imparfait et stéréotypes », pp. 132-135.