Milli mála - 01.06.2016, Side 161
ALEXANDER KÜNZLI, GUNNEL ENGWALL
Milli mála 8/2016 161
moglie. Potrebbe conoscere il mondo, l’universo, e nulla di colei la cui vita
è incatenata alla sua.
(153 mots)
Dans cette traduction aussi, nous pouvons relever des écarts à
différents niveaux, souvent sous forme de normalisations, à savoir
une tendance à effacer les particularités du style strindbergien :
ponctuation (che girano a vuoto. ; sono pazzo. ; scoprire la verità. ; un
marito tradito?) ; explicitations (essere l’unico per la moglie?) ;
implicitations (non lo sospettano neppure_.) ; paratexte (*).
Le recours aux astérisques est intéressant chez Mongelli. En effet,
contrairement à Georges Loiseau, à Hans Levander et à nombre
d’autres traducteurs, il rend la phrase Un mari vivrait cent ans, qu’il
ne serait jamais au courant de l’existence de sa femme de manière littérale,
refusant ainsi de se mettre à la place de l’auteur et de prétendre
savoir ce que ce dernier voulait réellement dire. L’astérisque est
utilisé pour signaler au lectorat italophone qu’il s’agit d’une
traduction littérale du français de Strindberg. Grâce à cette
technique, le public cible est en mesure de se faire une meilleure
idée de la forme et du contenu du roman.
Par ailleurs, Mongelli est bien conscient de la spécificité du
français strindbergien et du défi qu’il y a d’écrire une œuvre
littéraire dans une langue qui n’est pas la première langue de
l’auteur. Il s’exprime ainsi dans une note37 :
Écrire dans une langue étrangère est un défi enivrant. […] L’auteur peut
par ignorance déformer, bousculer ou inventer soit des mots soit des
structures phrastiques capables de traduire, ici et là, l’immédiateté des
mouvements de l’âme et des sensations avec la fraîcheur et l’insouciance
de l’enfant en train de jouer. Et tout cela grâce à l’erreur qui confère à la
langue violée une prégnance et une force de suggestion particulières.
Toutefois, on peut constater une tendance à la normalisation dans
cette traduction également, notamment en ce qui concerne la
ponctuation. Strindberg en fait un usage assez insolite ; par exemple
en mettant un point d’interrogation là où l’on s’attendrait à un
37 L’arringa di un pazzo, traduction italienne de Giuseppe Mongelli, p. 1198 ; notre traduction.