Milli mála - 01.06.2016, Síða 172
LE FRANÇAIS STRINDBERGIEN EN TRADUCTION
172 Milli mála 8/2016
manuscrit original de Strindberg et de la dernière traduction italienne
rejoignent celles que nous venons de faire par rapport à la traduction
suédoise : transfert fidèle du sens du texte de départ, certes, mais
présence de toute une série de déviations qui ne peuvent que
contribuer à niveler le style de Strindberg dans la langue cible. En
voici quelques exemples : ponctuation (per come ti sei comportata. ; Sei
una pazza, ; fra le nostre amiche? ; dimmi?) ; syntaxe (e rinunci a
qualunque senso del dovere) ; implicitation (Sais-tu que tu es une aliénée
-> _Sei una pazza).
Autre fait intéressant : on peut émettre l’hypothèse que Mongelli
s’est inspiré de la traduction italienne de Vico Faggi, parue, il est
vrai, seulement une année avant la sienne, lorsqu’il met e io ti ho
esposto le cause, tout comme Faggi ed io ti ho spiegato…, alors que nous
lisons chez Strindberg et je vous aie donné les mobiles psychologiques, le
vous référant à Maria et à ses amies. Cela montre le statut précaire
de l’idée selon laquelle une traduction émane toujours d’un seul
texte, d’un texte dit original. Les analyses que nous venons de
présenter donnent à penser que nous sommes en présence d’une
variété de textes sources possibles.
6. Conclusions
Avec le présent article, nous avions pour objectifs d’illustrer le
français de Strindberg et d’analyser les traductions suédoise et
italienne les plus récentes de son roman Le Plaidoyer d’un fou, afin de
comprendre comment sont traitées les spécificités du français
strindbergien. Nous avons également étudié comment le français de
Strindberg avait été abordé par son réviseur français Georges
Loiseau. Notre objectif plus général était de contribuer, par cette
démarche, à retracer l’histoire des phénomènes de révision et de
retraduction en prenant Le Plaidoyer d’un fou comme exemple.
Force a été de constater un nombre important de non-
correspondances entre le manuscrit original de Strindberg et la
version révisée par Loiseau. Nous avons également identifié, quoique
dans une moindre mesure, des écarts entre le manuscrit de Strindberg
et la dernière traduction suédoise de Levander, d’une part, et d’autre
part, la dernière traduction italienne de Mongelli. Le principe sous-
jacent au travail de révision et de traduction semble avoir été la