Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1938, Blaðsíða 73
LE DANEMARK ET LA MINORITÉ ALLEMANDE 65
dans presque tous les autres pays d’Europe, par exemple entre
Allemands et Polonais, Allemands et Tchéques, Tchéques et Hon-
grois etc.
La situation particuliére au Slesvig n’est pas le résultat d’un
mélange de différentes populations, mais l’aboutissement d’une
évolution historique au sein d’une population homogéne qui, á la
suite d’un long procés de germanisation et sous l’empire du réveil
national du XIXe siécle, s’est scindée en deux fractions dont l’une
danoise, l’autre allemande. C’est donc le sentiment national alle-
mand qui distingue la minorité de la grande majorité de la popula-
tion du Slesvig septentrional.
Quant au nombre de cette minorité, il suffira, dans les cadres
du présent exposé, de se référer aux chiffres suivants: lors du
plébiscite du 10 février 1920, il y avait 75.431 bulletins de vote
pour le Danemark contre 25.329 pour l’Allemagne, á savoir une
majorité danoise de 75 p. c. Ces chiffres comprennent, il
ne faut pas l’oublier, aussi les suffrages des personnes nées, avant
le 10 janvier 1900, dans la zone soumise au plébiscite, mais n’y
étant pas domiciliées á la date de la mise en vigueur du traité de
Yersailles (10 janvier 1920), personnes auxquelles les dispositions
de ce méme traité avaient accordé le droit de vote par suite d’une
regrettable erreur commise par le comité des juristes de la Con-
férence de la paix. D’aprés les renseignements statistiques publiés
dans le grand ouvrage danois qui vient de paraítre sous la rédac-
tion de M. F. de Jessen (Haandbog i det slesvigske Sporgsmaals
Historie 1900—1937), — renseignements basés sur les listes de la
Commission Internationale du Plébiscite —, le nombre des per-
sonnes appartenant á cette catégorie et ayant pris part au vote
s’est élevé á 24.274, dont 14.491 venues du Danemark, 9.685
d’Allemagne et 98 d’ailleurs. En défalquant ces chiffres du
nombre des votants, on arrive au résultat suivant: 60.940 pour
le Danemark, 15.644 pour l’Allemagne, ce qui correspond, pour
la population domiciliée, á un pourcentage de 79,5 pour le
Danemark et 20,5 pour l’Allemagne. En ce qui concerne l’évo-
lution ultérieure, on ne saurait faire mieux que s’en tenir aux
résultats des élections á la chambre des députés danoise (Folke-
ting), élections qui s’opérent dans la plus parfaite liberté et sans
la moindre pression ou immixtion du dehors. Or, lors des pre-
miéres élections au mois de septembre 1920, le parti allemand
qui s’appelle « Schleswigsche Partei », a atteint 14,3 p. c.
des suffrages exprimés. Lors des derniéres élections á la
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