Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1938, Blaðsíða 279
LA QUESTION D’ALAND
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par les belligérants comme base militaire ou théátre d’opérations.
Les íles d’Aland sont aussi bien démilitarisées en temps de paix
que neutralisées en temps de guerre. En cas de guerre ou menace
de guerre, les prescriptions relatives á la démilitarisation peuvent
étre en partie suspendues en vue d’assurer la sécurité de l’archipel.
Les questions traitées dans les lois d’autonomie et de garantie
ont un certain rapport avec celles qui viennent d’étre spécifiées.
La loi d’autonomie régle, d’une part, le service militaire de la
population d’Aland, le parag. 27 disant que les habitants d’Aland
sont obligés de contribuer á la défense de leur patrie en faisant,
au lieu d’un service militaire á proprement parler, un service
correspondant dans l’administration du pilotage et des phares
suivant une loi spéciale, loi qui n’a du reste jamais été élaborée.
D’autre part, du cöté de la population d’Aland, il s’est manifesté
la crainte que les atténuations actuellement discutées qui pour-
raient étre apportées aux prescriptions relatives á la démilitarisa-
tion ne puissent ouvrir la voie á une dénationalisation des íles
(selon les aspirations de certains milieux ultra-nationalistes) du
fait de l’immigration des militaires et des ouvriers venant du con-
tinent finlandais.
Depuis que la Finlande et les íles d’Aland ont été séparées de
la Suéde par la paix conclue á Fredrikshamn en 1809, le risque de
voir fortifier les íles sous la souveraineté d’une puissance étrangére
a toujours été considéré par la Suéde comme un danger perma-
nent. « Une agression dirigée de l’Aland contre la Suéde atteindrait
celle-ci dans des parties vitales, tout prés de sa capitale et sur une
cöte dont certaines parties ne sont pas protégées par un archipel.
Au moyen de certaines piéces d’artillerie moderne placées sur l’íle
principale, il serait possible méme de bombarder Stockholm ».
(Livre bleu suédois sur la question des íles d’Aland III, p. 38,
1921). La politique de la Suéde, en ce qui concerne Aland, a
donc tendu á ce que ces íles, si elles appartenaient á une puis-
sance étrangére, devinssent une zone démilitarisée. Ces efforts ont
remporté un important succés lorsque la Russie a promis de ne pas
fortifier Aland. A l’occasion du traité de paix conclu á Paris en
1856, une convention fut passée entre la France et la Grande-Bre-
tagne, d’une part, et la Russie, d’autre part, aux termes de laquelle
la Russie s’engageait á ne pas fortifier les íles d’Aland et á n’y
maintenir, ni créer aucun établissement militaire ou naval. Cette
convention, annexée au traité général de paix, a la méme force et