Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1938, Blaðsíða 192
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fice. J’en ai fait moi-méme la pénible expérience, á tel point que je
me vis obligé, en septembre 1936, de provoquer la démission du
Secrétaire général. Cette réforme et la nomination, en qualité de
directeur administratif, de M. Georges Coroni, ancien greffier
en chef de la Cour d’Appel Mixte d’Egypte, ont changé compléte-
ment l’atmosphére de l’Office en assurant la liquidation rapide
et normale des affaires et en remplafant peu á peu l’impopularité
qui s’était créée autour de lui par la confiance si nécessaire á une
institution de ce genre.
En principe, c’est la táche humanitaire assumée par le Haut-
Commissaire Fridtjof Nansen qui fut confiée á l’Office inter-
national Nansen, tandis que, d’aprés la décision de l’Assemblée de
1930, la protection politique et juridique des réfugiés devait étre
á la charge des organes réguliers de la Société des Nations, c’est-á-
dire exercée par le Secrétariat. Cependant, l’expérience avait déjá
montré que ce dernier était mal outillé pour un tel travail nécessi-
tant, dans la plupart des cas, des interventions sur place — par
l’intermédiaire de représentants locaux — auprés des autorités
compétentes des pays de résidence des réfugiés. En fait, cette pro-
tection fut donc laissée également, pour la plus grande partie, au
soins de l’Office Nansen agissant, il va sans dire, sous les auspices
de la Société des Nations et avec l’autorité découlant de l’investi-
ture conférée á cet effet.
II est cependant trés important de souligner ce fait de la divi-
sion des attributions car, comme il a été maintes fois reconnu
dans les débats relatifs á la liquidation de l’Office Nansen, il est
certain qu’une telle liquidation, si elle était faite avant la solution
du probléme lui-méme, laisserait retomber á la charge du Secré-
tariat toutes les obligations résultant de la décision de principe
lui assignant d’assurer la protection politique et juridique des ré-
fugiés.
Les grands progrés réalisés sous le Haut-Commissariat de Nan-
sen ont fait croire qu’un délai de dix ans pourrait suffire á l’Office
qui lui succédait pour liquider complétement le probléme. Nansen
lui-méme, en 1929, avait émis cette opinion et deux ans plus tard
l’Office proposa méme de fixer á fin 1938 la cessation de son ac-
tivité, date sur laquelle se basérent les Assemblées suivantes.