Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1938, Blaðsíða 354
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LE NORD
de M. Sandler, ministre des affaires étrangéres de Suéde, quand
il dit dans cette revue (p. 32):
« On méconnaítrait totalement les faits essentiels si l’on pensait que la
neutralité nordique est une notion qui aurait été pius ou moins abandonnée
á la fondation de la Société des Nations, et jusqu’á ces derniers temps, mais
qui réapparaítrait aujourd’hui, á l’heure ou, la Société traversant une pé-
riode de faiblesse, il nous convient de la ressusciter. 11 y a certainement
plus qu’une question de nom dans le fait que, méme au sein de la Société
des Nations, les Etats qui étaient parvenus, pendant la Grande Guerre, á
maintenir leur volonté de neutralité ont été appelés si longtemps « les ex-
neutres ». Comme Membres de la S. d. N., ces Etats représentaient l’apport
d’une mentalité neutre toute particuliére, qui a constamment joué le róle
d’une importante réalité politique. »
C’est bien sur la base de cette mentalité et á la lumiére de
cette évolution historique qu’il faut étudier la politique des Etats
du Nord dans la derniére Assemblée de la Société des Nations.
D’abord, on doit constater que les Etats nordiques n’ont pas
désiré abandonner la sécurité collective. Ils n’ont pas l’intention
de quitter la Sociéte. Ils n’ont pas voulu changer le Pacte. Ils
n’ont méme pas lutté pour le changer indirectement par des inter-
prétations ou par des directives. Les quatre ministres des affaires
étrangéres n’essaient pas (á part d’une certaine intervention de
M. Sandler) d’obtenir une reconnaissance formelle de l’attitude
nordique.
M. Sandler qui fut le premier représentant nordique á prendre
la parole au débat général s’exprima avec la plus grande netteté.
Dans son discours, il traga l’histoire de la Société et surtout l’évo-
lution de l’attitude des divers Etats á l’égard de l’article 16 et la
pratique concernant cet article. Il souligna qu’il ne s’agissait point
de changer le contenu de l’article 16, mais seulement de constater
les faits. Il dit entre autre:
« La délégation suédoise n’est pas disposée á assumer la responsabilité
de laisser subsister cette entrave au libre essor de la collaboration des Etats
membres. Elle estime, par conséquent, qu’il est le plus conforme aux véri-
tables intéréts de la Société que la situation de fait soit constatée et acceptée
telle quelle. Bien que l’attitude du Gouvernement suédois dans ce domaine
ne dépende pas de cette acceptation, la délégation suédoise a tenu á faire
connaítre nettement son opinion devant l’Assemblée, dans l’espoir que les
Membres de la Société seront disposés á constater, dans la forme qui sera
jugée la plus appropriée, le caractére de la Société tel qu’il résulte des faits
eux-mémes. »
M. Koht, ministre des affaires étrangeres de Norvége, ne
fut pas moins clair. Il exprima au fond les mémes idées que