Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1938, Blaðsíða 198
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LE NORD
Lorsque, au début de 1936, j’ai pris la direction de l’Office
Nansen, la question s’est tout naturellement posée de savoir quel
serait le moyen le plus pratique de résoudre dans le plus bref délai
possible le probléme, le rapatriement étant en fait exclu pour
toutes les catégories de réfugiés Nansen. Une répartition ration-
nelle des réfugiés par leur transfert des pays ou ils sont en grand
nombre dans ceux ou il n’y en a presque pas — point de vue
soutenu par le Comité pour l’assistance internationale aux ré-
fugiés, nommé par l’Assemblée de 1935 et qui siégea á la fin de
la méme année — s’est révélée impraticable. Quant á l’émigration
outre mer, l’expérience a démontré que pour réussir elle doit étre
faite sur une grande échelle, ce qui nécessite par conséquent des
capitaux considérables, dépassant de beaucoup les ressources de
l’Office. Celui-ci cependant, aprés avoir conclu un arrangement
spécial avec le gouvernement du Paraguay et un citoyen suisse,
grand propriétaire de terrains dans une région ou il existait déjá
plusieurs colonies, crut pouvoir essayer la création d’une « colo-
nie Nansen » pour y installer, d’accord avec les autorités fran-
gaises, 200 familles sarroises — représentant 800 á 1.000 person-
nes — qui désiraient s’y rendre. A titre exceptionnel, un crédit
de 200.000 Fr. suisses avait été voté á ces fins par l’Assemblée
de 1936. Mais par suite d’un changement survenu dans la situation
économique et politique en France, la majorité des candidats á
l’émigration renoncérent á partir, de sorte que jusqu’ici 150 ré-
fugiés seulement de cette catégorie ont émigré au Paraguay. De-
vant cet état de choses, l’Office a été autorisé á employer ce qui
reste du crédit ci-dessus mentionné également á l’établissement des
autres réfugiés sarrois en France, notamment par voie de réadapta-
tion professionnelle, moyen qui a donné des résultats trés en-
courageants parmi les différents groupes de réfugiés.
Cela m’améne á parler de la solution qui, d’aprés mon ex-
périence, représente presque le seul moyen d’arriver á la liquida-
tion du probléme. Etant donné qu’il s’agit, pour la plus grande
partie, d’une émigration datant d’une vingtaine d’années, il est
de plus en plus manifeste que loin d’essayer de déraciner á nouveau
ces réfugiés, il faut au contraire que l’Office s’efforce, par tous
les moyens á sa disposition, de faciliter leur établissement définitif
dans les pays de refuge et cela par voie d’absorption et, en premier
lieu, par la naturalisation, soiution couteuse et longue mais dé-
finitive, car une fois les réfugiés naturalisés ils disparaissent des
cadres de l’Office Nansen. Ainsi le probléme des réfugiés a-t-il