Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1938, Blaðsíða 193
L’OFFICE INTERNATIONAL NANSEN
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Les circonstances furent pourtant plus fortes que les prévisions
et amenérent de nouvelles difficultés. Au commencement de la
formidable migration provoquée par la grande guerre, la révolu-
tion russe, les déportations des Arméniens, etc., l’établissement des
réfugiés a pu se faire dans des proportions importantes. Par man-
que de main-d’œuvre ou simplement par esprit d’humanité, cer-
tains pays accueillirent un nombre considérable de fugitifs — ainsi
la France, á elle seule, avait admis des centaines de milliers de
réfugiés sur son territoire. Mais il n’en fut pas de méme lorsque
survint la crise mondiale, peu de temps aprés la création de l’Of-
fice Nansen. Non seulement les pays fermérent leurs portes á toute
nouvelle immigration, mais ils cherchérent á diminuer le nombre
de ceux á qui ils avaient jusqu’alors donné l’hospitalité. Pour y
arriver, certains Etats allérent méme jusqu’á l’expulsion manu
militari, créant ainsi un état de choses peut-étre sans précédent
dans l’histoire. En vue de protéger le marché national du travail
on procéda, par voie législative, á de sévéres restrictions sur l’em-
ploi de la main-d’œuvre étrangére.
C’est dans ces conditions que se présente encore aujourd’hui
ce qui reste du probléme des réfugiés de l’Office Nansen, et c’est
pourquoi á la derniére Assemblée il fut presque unanimement re-
connu que l’œuvre devait étre poursuivie jusqu’á la liquidation
du probléme, laquelle ne saurait d’ailleurs étre trés éloignée si des
circonstances imprévues ne se produisent pas et si l’organisation
future envisagée á cet effet est appuyée par les gouvernements
membres de la Société des Nations et munie des moyens nécessaires
pour faire face á la situation actuelle.
Comme il est bien connu, l’Office Nansen ne s’occupe que de
certaines catégories de réfugiés, á savoir les réfugiés russes, armé-
niens, assyriens, assyro-chaldéens, turcs (le nombre de ces trois
derniéres catégories étant toutefois peu élevé) et, depuis 1935,
á la suite d’une décision du Conseil de la Société des Nations, les
réfugiés sarrois.
En ce qui concerne le nombre de ces réfugiés, il figurait dans
la statistique, au moment de la création de l’Office, pour un mil-
lion á un million cent mille. Ce chiffre ne subit pas de grands
changements au cours des années suivantes, jusqu’á ce que, en