Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1938, Síða 40
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32 LE NORD
On méconnaítrait totalement des faits essentiels si l’on pensait
que la neutralité nordique est une notion qui aurait été plus ou
moins abandonnée á la fondation de la Société des Nations et
jusqu’á ces derniers temps, mais qui réapparaítrait aujourd’hui, á
l’heure ou, la Société traversant une période de faiblesse, il nous
convient de la ressusciter. II y a certainement plus qu’une question
de nom dans le fait que, méme au sein de la Société des Nations, les
Etats qui étaient parvenus, pendant la Grande Guerre, á
maintenir leur volonté de neutralité ont été appelés si longtemps
« les ex-neutres ». Comme membres de la Société, ces Etats repré-
sentaient l'apport d’une mentalité neutre toute particuliére, qui
a constamment joué le róle d’une importante réalité politique.
Cet élément toujours actif qui relie l’avant-guerre au temps actuel
ne doit pas étre méconnu au profit du nouvel et important
facteur que constituait la qualité de membre de la Société des
Nations.
II n’y a pas lieu de s’arréter ici á l’anomalie qu’il faut bien
voir dans le fait que le Nord ne posséde pas encore tout entier
cette qualité, puisque l’Islande reste toujours encore en dehors de
la Société. Les causes de ce fait sont étrangéres en tout cas au
sujet de cet article. Je n’ai aucune raison non plus de rechercher
s’il existe des nuances caractéristiques entre l’attitude des pays
nordiques et celle d’autres « ex-neutres ». Il s’agit ici, en effet,
de la neutralité nordique, et il ne s’agit de rien d’autre.
Ou donc cette persistante mentalité neutre s’est-elle exprimée
comme l’apport spécial des Etats nordiques — et certainement
aussi d’autres Etats « ex-neutres » — á la nouvelle politique de
solidarité inaugurée par la Société des Nations?
Elle s’est manifestée tout d’abord dans l’action excercée par
ces Etats á la fondation de la Société, ainsi qu’á l’occasion de
leur entrée dans cette Société et de sa premiére organisation. Cette
action a constamment tendu á faire de la Société un instrument,
aussi approprié que possible, de coopération pacifique en vue de
la prévention de la guerre et de la prompte réconciliation des
anciens ennemis. Les Etats placés entre les deux coalitions de la
Grande Guerre ont maintenu énergiquement leur politique, qui
consistait á ne pas prendre d’engagements, á ne pas contracter
d’alliances et á utiliser cette position d’indépendance pour frayer
la voie, autant qu’il était en leur pouvoir, á une réconciliation
entre les vainqueurs et les vaincus de la veille. C’est ainsi qu’échut
tout naturellement aux pays nordiques la táche de réagir, au
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