Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1938, Page 42
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LE NORD
actuelles, au gouvernement responsable de se réserver, le cas
échéant, le droit de choisir la voie de la neutralité. »
Nous savons dans les pays du Nord que, dans la situation ou
nous nous trouvons aujourd’hui, cette réserve est beaucoup plus
actuelle encore qu’á l’époque de la susdite déclaration.
Mais avant d’en arriver aux réflexions commandées par
cette situation, disons quelques mots de l’attitude des pays du
Nord en ce qui concerne les contributions positives á l’application
de la politique de solidarité. Cela est d’autant plus nécessaire que
les lamentables résultats de l’intervention positive de la Société
des Nations dans le plus important des cas qui ont surgi sur sa
route sont une des principales causes pour lesquelles les anciennes
idées sur la neutralité dominent aujourd’hui la politique nordique.
Il est á noter trés spécialement, touchant l’application
des dispositions relatives aux sanctions, que les représentants de
la mentalité neutre n’ont, pour cette raison précisément, jamais
pu accepter l’idée de voir l’article sur les sanctions utilisé par un
certain groupe de puissances contre un autre groupe comme un
moyen de pression politique. C’est pour maintenir l’organisation
juridique internationale qu’ils ont cru devoir appliquer cet article.
Comme une expérience qui remonte á l’année 1931 déjá a montré
que son application impartiale et par suite totale était une illusion,
la conclusion s’est imposée qu’une loi non appliquée également
á tous et dans tous les cas cesse ipso facto d’étre une loi. Aussi
l’idée doit-elle étre repoussée avec la derniére énergie de faire
revivre une telle loi dans une occasion qui conviendrait á cer-
taines puissances. Les Etats nordiques se sont faits les champions
résolus du double principe que le droit souverain d’appréciation
de chaque Etat doit étre sauvegardé et que les recommandations
propres á le guider dans cette appréciation doivent étre formulées
par un organe collectif de la Société des Nations, ou tous les
membres de la Société siégent avec voix délibérative. De méme
que les directives de 1921 portent visiblement la trace de l’opinion
de ces Etats, la constitution du comité de coordination pour l’ap-
plication de l’article 16, lors de la seule tentative importante
d’application faite par la Société, est due pour une bonne part
á leur action.
Ce souci de maintenir le droit d’examen de chaque Etat n’a
pas provoqué dans les pays du Nord une tendance á la désertion
le jour ou il s’est agi, dans un cas indiscutable et dans les condi-
tions par ailleurs requises, de tirer les conséquences de la politique