Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1938, Page 67
LE DANEMARK ET LA MINORITÉ
ALLEMANDE DU SLESVIG DU NORD
Par Holger Andersen.
L’ISSUE de la guerre de 1864 entre le Danemark et les Puis-
sances allemandes avait abouti au démembrement de l’an-
cienne monarchie danoise et, par la, á la destruction d’une
formation politique ayant joué un róle important dans l’histoire
de l’Europe septentrionale durant quatre siécles.
Le Roi de Danemark avait du souscrire aux dures conditions
du traité de Vienne du 30 octobre 1864 aux termes duquel il cé-
dait á l’Empereur d’Autriche et au Roi de Prusse tous ses droits,
non seulement sur les duchés allemands de Holstein et de Lauen-
bourg, mais aussi sur le duché de Slesvig, á savoir un territoire
ayant appartenu á la couronne danoise depuis des temps immé-
moriaux et n’ayant jamais fait partie de la Confédération ger-
manique. Le Slesvig du Nord était habité par une population
dont la grande majorité avait donné maints témoignages de ses
sentiments danois tandis que les habitants du Slesvig méri-
dional — bien que, pour la majeure partie, primitivement d’ori-
gine et de race danoises — avaient, déjá bien avant 1864, adopté la
langue allemande et, sous l’influence du mouvement slesvig-hol-
steiniste, s’étaient politiquement orientés vers l’Allemagne. La
séparation forcée d’avec la mére patrie de toute une population
incontestablement danoise était contraire au principe des natio-
nalités lequel, au cours du XIXe siécle, avait occupé une place
toujours grandissante dans l’histoire de notre temps et dont
certains hommes politiques, comme Napoléon III, voulaient méme
faire la régle dirigeante de leur politique. Ce principe était á la
base tant de l’unité italienne que de toutes les aspirations natio-
nales allemandes dont le Slesvig-Holsteinisme fut un des princi-
paux leviers. Cependant, tout en basant ses propres revendications
sur le dit principe, le Slesvig-Holsteinisme ne voulait aucunement
en admettre l’applicabilité á l’égard des populations danoises du
Slesvig. Au contraire, on considérait les territoires des deux duchés
de Holstein et de Slesvig comme une unité á jamais indivisible
(up ewig ungedeelt) en évoquant, á l’appui de cette thése, des
documents remontant jusqu’á l’an 1460 et dont l’interprétation
prétait á controverse. D’une fayon curieuse s’entremélaient ainsi
d’anciennes considérations d’ordre purement dynastique et des