Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1938, Page 68
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LE NORD
aspirations nationales découlant d’un principe politique des temps
modernes. C’est lá un des traits les plus caractéristiques du Sles-
vig-Holsteinisme qu’il ne faut pas perdre de vue quand il s’agit
de situer, d’une maniére précise, ce mouvement dans l’histoire des
duchés.
Au lendemain de la guerre de 1866, les dispositions du traité
de Prague signé entre l’Autriche et la Prusse le 23 aout 1866
vinrent ressusciter les espérances danoises. L’article 5 de ce traité
— du á l’initiative de Napoléon III — stipulait, en effet, que
« Sa Majesté l’Empereur d’Autriche transfére á Sa Majesté le Roi
de Prusse tous les droits que la paix de Vienne du 30 octobre 1864
lui avait reconnus sur les duchés de Slesvig et de Holstein, avec
cette réserve que les populations des districts du Nord du Slesvig
seront de nouveau réunies au Danemark si elles en expriment le
désir par un vote librement émis ». En 1867—68, des pourparlers
eurent lieu entre le Danemark et la Prusse aux fins de la mise á
exécution de la disposition précitée. Mais on s’est vite heurté á
des difficultés qui devaient rendre un échec inévitable. Du cóté
allemand, on a voulu mettre le résultat négatif de ces négociations
á la charge du gouvernement de Copenhague. Il reste, toutefois,
certain que i°) le prince de Bismarck voulait subordonner toute
cession territoriale á l’acceptation par le gouvernement danois
de certaines garanties á accorder relativement au traitement des
minorités allemandes passant sous la domination du Danemark;
20) l’étendue territoriale des concessions auxquelles la Prusse était
préte á consentir, était si limitée qu’il était absolument impossible
pour n’importe quel gouvernement danois d’y acquiescer á moins
qu’il n’eút voulu renoncer á jamais á tout espoir de recouvrer une
large partie de territoires habités par des populations qui, á l’oc-
casion des élections au Reichstag de la Confédération de l’Alle-
magne du Nord (12 février et 31 aoút 1867), venaient de manx-
fester, une fois de plus, avec une écrasante majorité (75—80 p. c.),
leur attachement á l’ancienne patrie.
En ce qui concerne la question des garanties minoritaires
exigées par le prince de Bismarck, il convient de relever que,
de tout temps, l’opinion publique danoise a été unanime á repous-
ser des obligations contractuelles susceptibles de servir de base
á l’ingérence de l’étranger dans les affaires intérieures du royaume.
La le§on d’un passé récent avait été trop dure.
L’article 5 du traité de Prague fut formellement aboli par
la convention austro-allemande du ix octobre 1878, rendue