Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1938, Page 69
LE DANEMARK ET LA MINORITÉ ALLEMANDE 61
publique le 4 février suivant. Ce n’est que quarante ans plus
tard, a la fin de la grande guerre, que la question du Slesvig
devait surgir de nouveau dans une situation internationale entiére-
ment nouvelle.
La proclamation par le président 'Wilson du principe du droit
des peuples á disposer d’eux-mémes avait eu pour effet de remet-
tre la question du Slesvig sur le tapis bien qu’elle ne fut pas
expressément mentionnée dans les célébres quatorze points. En
Suéde et en Norvége, des voix autorisées s’élevérent pour deman-
der que l’injustice de 1864 fut réparée, conformément au principe
énoncé par le président des Etats-Unis. Le 23 octobre 1918, la
question fut soulevée á la tribune du Reichstag par H. P. Hans-
sen, représentant de la population danoise du Slesvig du Nord.
Dans sa réponse, le gouvernement allemand, tout en alléguant que
ni le Danemark ni la population danoise du Slesvig n’étaient
fondés á se prévaloir de droits quelconques en vertu de l’article 5
du traité de Prague dúment aboli en 1879 par les deux puis-
sances signataires de ce méme traité, se déclara disposé á admettre
l’application au Slesvig septentrional du principe posé par le
président des Etats-Unis. Le méme jour, les deux chambres du
Rigsdag danois réunies en séance secréte émirent le vœu que la
question slesvicoise fút résolue en conformité du principe du
droit des peuples á diposer d’eux-mémes tel qu’il avait été
admis par les deux parties belligérantes.
Du cóté allemand, on a reproché au Danemark d’étre allé á
Versailles et d’avoir négocié le nouveau statut du Slesvig dans
les cadres du traité de paix conclu le 28 juin 1919 entre les Puis-
sances de l’Entente et l’Allemagne. Le Danemark avait été neutre
pendant la guerre et, néanmoins, le gouvernement de Copenhague
se serait presenté devant la Conférence de la paix comme partie
demanderesse vis-á-vis de l’Allemagne au lieu de s’arranger avec
cette derniére dans une question qui, á vrai dire, ne regardait
que les deux Etats directement intéressés. Cependant, quiconque
veut se rappeler la situation telle qu’elle était réellement á la fin
de l’année 1918, ne saurait sérieusement soutenir devant l’Histoire
qu’il eút été possible de soustraire la solution de la question sles-
vicoise aux négociations de la Conférence de la paix moyennant
un arrangement préalable intervenu entre l’Allemagne et le Dane-
mark et soumis, le cas échéant, á la susdite Conférence aux fins
d’enregistrement. A ce sujet, il suffit de se reporter á la note
verbale remise le 14 octobre 1918 par le chargé d’affaires d’Angle-