Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1938, Page 71
LE DANEMARK ET LA MINORITÉ ALLEMANDE 63
dans la plénitude de ses droits de souveraineté. Les dispositions
fondamentales de la Constitution et les traditions libérales de la
législation scolaire et ecclésiastique ayant trait á des minorités
spirituelles ou religieuses au sein de la nation danoise elle-méme
ont grandement facilité et simplifié la táche du gouvernement.
II n’a point été nécessaire de promulguer un statut des minorités,
mais on a pu se borner á développer ou á élargir les principes
d’une législation déjá existante et á les adapter á la situation par-
ticuliére des Allemands du Slesvig du Nord. L’esprit dans lequel
les travaux préparatoires y afférents furent effectués en 1919,
est suffisamment caractérisé par le fait qu’il fut décidé de ne pas
rendre obligatoire l’enseignement de la langue danoise dans les
écoles minoritaires. On voulait laisser la question de la parti-
cipation des enfants á cet enseignement á la libre décision des
parents. Et, pourtant, il ne s’agit que d’une population fort
restreinte dont le nombre, par rapport au chiffre total de la
population du royaume, n’est pas supérieur á 1 pour cent et dont
la grande majorité, au surplus, malgré ses sentiments politiques
allemands, est de langue danoise. Peut-on s’étonner que, dans ces
conjonctures, il y ait eu certaines gens qui estimaient que le Dane-
mark péchait par excés de libéralisme? L’expérience a, cependant,
démontré le bien-fondé de la décision susmentionnée puisqu’il
est notoire que tous les enfants qui fréquentent les écoles minori-
taires allemandes, prennent part á l’enseignement de la langue
danoise. Il s’est ainsi avéré que la minorité allemande a considéré
la participation á cet enseignement comme étant conforme á ses
propres intéréts.
Les territoires rétrocédés au Danemark en 1920 ont une super-
ficie de 3.891 km2. Le nombre des habitants s’élevait á cette
date á 163.600; d’aprés le recensement de 1935, ^ a atteint
184.700. Le Slesvig septentrional est un pays essentiellement
agricole bien qu’il compte aujourd’hui aussi des entreprises indus-
trielles d’une certaine importance. L’agriculture slesvicoise a été
gravement atteinte par la crise et, á plusieurs reprises, l’Etat a du
avoir recours á des mesures législatives extraordinaires qui ont
amené un allégement incontestable et dont la minorité allemande
a bénéficié sur un pied de parfaite égalité avec la population
danoise. Néanmoins une partie, d’ailleurs assez restreinte, de la
population tant danoise qu’allemande continue á formuler
des plaintes sur les difficultés économiques avec lesquelles elle s’est