Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1938, Page 72
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LE NORD
trouvée aux prises depuis des années et dont le gouvernement
et les différents partis politiques, á en croire les personnes en ques-
tion, ne tiendraient pas suffisamment compte. Les allégations de
ce genre sont fréquemment exagérées, ce qui n’empéche pas qu’elles
ont trop souvent á l’étranger une répercussion susceptible de créer
quant á la situation économique et politique au Slesvig danois
des impressions qui n’ont aucun rapport avec la réalité.
Avant de donner un résumé des principales dispositions législa-
tives concernant la situation de la minorité allemande dans le
Slesvig septentrional, il importe de faire une mise au point préa-
lable. Quand on parle d’une minorité allemande, il ne faut pas
prendre ce terme dans son sens contractuel tel qu’il a été défini
dans les différents traités ou conventions conclus aprés la fin
de la guerre mondiale. En effet, les trois critéres fixés dans ces
instruments internationaux n’entrent pas en considération en l’oc-
currence. Au point de vue de la race, il n’existe aucune différence
entre les éléments danois et allemands de la population slesvicoise,
abstraction faite des individus peu nombreux ayant immigré
des divers pays du Reich. La population du Slesvig appartient á la
méme race que les habitants de la péninsule de Jutland. En ce
qui concerne la religion, il convient de relever que la population
presque tout entiére professe la foi luthérienne. Enfin, pour ce
qui est de la langue, il est á remarquer que celle-ci, depuis des
siécles, a été danoise. Dans les villes, il y a un certain nombre
de familles tant indigénes qu’immigrées dont les membres parlent
entre eux l’allemand. Il en est de méme d’une partie des grands
propriétaires ruraux, notamment dans les contrées voisines de la
frontiére. Depuis une dizaine d’années, á savoir bien avant l’avé-
nement du troisiéme Reich, une campagne en faveur de l’usage
de la langue allemande a été déclenchée et cette tendance a été
renforcée ces derniers temps. Il reste tout de méme certain qu’au
moins les deux tiers de la minorité allemande parlent le danois
comme leur langue maternelle. Langue et sentiment national ne
se confondent point. Cela vaut pour le Slesvig du Nord réuni
au Danemark comme, vice versa, pour le Slesvig du Sud resté á
l’Allemagne.
A la lumiére des observations qui précédent, on discernera
aisément que la question de minorités revét au Slesvig un carac-
tére tout particulier et qu’elle se pose ici sous des aspects nettement
distincts de ceux sous lesquels le probléme minoritaire se présente