Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1938, Page 82
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LE NORD
vée par la suite. Un litige entre l’Allemagne et le Danemark con-
cernant la frontiére serait sans objet.
Les déclarations du ministre des affaires étrangéres ont été
unanimement approuvées non seulement par l’opinion publique
danoise, mais aussi dans les autres pays du Nord. L’écho qu’elles
ont trouvé dans les différents grands journaux de ces pays, y
compris ceux qui tel que le Tidens Tegn d’Oslo ont trés souvent
gardé une attitude réservée a l’égard du Danemark, constitue la
meilleure réfutation de la prétendue incompatibilité de la décision
de 1920 avec les principes scandinaves. Il ne faut pas oublier que
deux éminentes personnalités suédoise et norvégienne désignées
par les gouvernements respectifs, O. von Sydow et Th. Heftye,
faisaient partie de la Commission Internationale du Plébiscite de
1920. Ces deux hommes qui ont occupé les plus hauts postes
dans la vie politique et administrative de leurs pays, avaient un
sentiment profond de leurs responsabilités et ils se sont acquittés
de la táche qui leur avait été confiée avec une conscience scrupu-
leuse. Une population dont les quatre cinquiémes (abstraction
faite des personnes non domiciliées dans la zone soumise au plé-
biscite), aprés 5 6 années de domination étrangére, manifestent
leur dévouement inébranlable á l’ancienne patrie á laquelle cette
population a été unie par des liens millénaires, est incontestable-
ment fondée á demander que sa volonté librement exprimée soit
respectée. C’est lá, á nos yeux nordiques, un droit imprescriptible.
La frontiére dano-allemande de 1920 repose ainsi, en fin de
compte, sur des forces morales qui, nous en sommes profondé-
ment convaincus, pésent encore d’un grand poids dans la balance
quand il s’agit de la vie et de la liberté des peuples.
Tous les Danois désirent vivre en bonne intelligence avec la
grande puissance voisine du Sud et maintenir et développer les
rapports les plus amicaux avec une nation avec laquelle le Dane-
mark a eu de nombreux contacts féconds durant des siécles et á
laquelle nous devons beaucoup. Nous souhaitons que la minorité
danoise restée sous la souveraineté allemande et qui a donné de
multiples preuves de sa loyauté á l’égard du Reich, soit traitée,
dans tous les domaines, selon les mémes principes que ceux pra-
tiqués par le Danemark á l’égard de la minorité allemande afin
que cet ancien duché de Slesvig puisse enfin remplir sa mission
historique, á savoir celle de servir de pont entre la grande nation
placée au cœur de l’Europe et les pays du Nord.