Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1938, Page 281
LA QUESTION D’ALAND
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La convention est muette sur le point de savoir si la Finlande
pourra demander l’aide d’une autre puissance contractante si ses
forces se révélent insuffisantes. Du cóté finlandais et suédois, on
s’est cru autorisé á soutenir que la convention ne défend pas de
prendre les mesures de défense nécessaires, également avec la col-
laboration de la Suéde, dans les cas d’urgence, avant que le
systéme de garantie de la Société des Nations ait pu fonctionner,
si la Finlande qui posséde la souveraineté sur les íles et la Suéde
qui est la puissance contractante la plus intéressée, puissance pour
laquelle la convention a été historiquement établie, sont d’accord
pour prendre les mesures considérées. Cette interprétation a paru
également plausible dans le cas ou une attaque sans étre directe-
ment imminente pourrait étre redoutée, en raison d’un conflit
entre les grandes puissances touchant la mer Baltique, si l’on ne
prenait pas rapidement les mesures de défense voulues. On est
également d’accord du cóté suédois et finlandais pour reconnaítre
qu’une puissance se trouvant en état de guerre ne pourra pas
intervenir spontanément sans y étre expressément autorisée par le
Conseil, sous prétexte de vouloir protéger l’archipel contre quel-
qu’un de ses adversaires.
Lors des négociations qui ont eu lieu cette année entre les
délégués des gouvernements suédois et finlandais, la Suéde s’est
déclarée disposée á étudier certaines modifications á apporter á
la convention et certaines facilités temporaires relatives aux
prescriptions qui visent la démilitarisation. C’est l’inquiétude qui
résulte de la situation mondiale et des changements survenus dans
les conditions de la technique militaire qui a motivé ces négocia-
tions. Le gouvernement suédois, agissant bien entendu en contact
étroit avec la commission des affaires étrangéres du parlement,
a encore fait un pas de plus. Il s’est déclaré prét á peser la pos-
sibilité d’une aide militaire directe de la part de la Suéde dans
le cas d’un conflit qui mettrait l’archipel en danger, mais á la
condition que les deux pays se trouvent en dehors du conflit et
avec le droit, pour le gouvernement, de juger, dans chaque cas
concret, si cette action militaire est possible et opportune. Le plan
de cette coopération militaire éventuelle devra étre élaboré. Le
gouvernement suédois est donc prét á envisager une forme plus
précise de l’obligation de garantie dont le principe a été exprimé
dans la convention de 1921.
II va de soi que, du cóté suédois, on tient toujours fermement
á la convention d’Aland en ce qu’elle assure á l’archipel une si-