Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1938, Side 325
APPROVISIONNEMENT EN CAS DE CRISE 315
suite de ces résultats qu’on a repris l’idée d’une collaboration
nordique pour l’obtention des objets de premiére nécessité dans
les périodes difficiles. Le cercle des puissances a été élargi par
l’adhésion de la Finlande. Depuis l’hiver de 1937 au cours du-
quel eut lieu á Stockholm la premiére réunion des délégués des
quatre pays du Nord, leurs représentants se sont réunis á inter-
valles réguliers á Copenhague, á Oslo et á Helsinki pour présenter
leurs plans d’étude, pour réunir et examiner ensemble les résultats
obtenus.
A proprement parler, il n’y a rien d’extraordinaire dans ces
études de statistique: on en fait d’analogues un peu partout au-
jourd’hui, et l’on s’efforce certainement partout d’obtenir une vue
d’ensemble de la maniére dont se présenterait la situation au point
de vue national en cas de guerre ou en période de crise. On fait
l’inventaire des ressources, on procéde á une estimation des mar-
chandises de premiére nécessité dont on pourrait avoir besoin et
l’on prévoit leur distribution. Mais ce qui peut paraítre nouveau
dans ce dont nous parlons ici, c’est que le travail réunit quatre
Etats souverains, et que ces quatre Etats font ensemble leurs pré-
visions. On s’est proposé d’en arriver á ne pas étre réduit á ses
propres ressources, dans les temps les plus difficiles et á y remé-
dier par une entr’aide internordique. L’un a un produit, l’autre
en a un autre, et avec des échanges, et en combinant le tout, on
s’en tire mieux que si l’on était seul. Imaginons, si vous voulez,
un grand village nordique isolé du reste du monde par la neige
et la glace et qui doit se tirer d’affaire sans avoir de rapports
avec le reste du pays: tous les habitants s’organisent en commun.
Dans des recherches de ce genre, on ne saurait prévoir toutes
les éventualités qui pourraient se présenter. C’est une táche qu’il
serait á peu prés impossible d’accomplir pour un seul pays, et
ce serait une folie que de l’espérer faire pour quatre. Entre un
systéme de libre-échange, la liberté du commerce et la sureté des
mers, et la fermeture compléte des marchés, toute une gamme de
difficultés peuvent affecter les importations. II serait impossible
de prendre toutes les nuances en considération, et il n’est guére
possible d’examiner que l’éventualité qui se préte le mieux aux
recherches: la fermeture compléte des marchés, — méme si l’on
peut dire avec quelque certitude qu’une situation ou les quatre
pays du Nord se trouveraient isolés du reste du monde ne se pré-
sentera vraisemblablement pas.
On ne saurait établir une mesure commune pour évaluer les