Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1941, Side 46
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LE NORD
des plus difficiles a étudier et á traiter. Il n’y a dans les pays du
Nord que peu de personnes qui soient capables d’épuiser le sujet,
et l’auteur de ces lignes est peu informé sur bien des points, méme
si ses idées, ses paroles et ses écrits sont parfois, gratuitement, mis
en rapport avec le grand mot du titre. Mais la lutte pour conserver
quelques-unes des valeurs menacées de notre propre civilisation
peut avoir dessillé les yeux méme á celui qui, á bien des égards, se
tient á l’écart des discussions de l’heure. Le nombre est petit, sans
doute, de ceux qui sont en mesure de traiter avec compétence de
l’humanisme dans toutes ses manifestations; moi-méme, j’ai autre-
fois (dans le Ársbok för kristen kumanism — les Annales de
l’humanisme chrétien — 1939) essayé de déterminer la différence
de sens des mots humanité et humanisme, mais peut-étre sans y
réussir. Dans les pages qui suivent, je présenterai quelques observa-
tions sur différents sujets sans prétendre étre complet. C’est lá
tout ce que je puis m’engager á faire.
II n’est pas besoin non plus d’insister sur le fait que c’est
d’abord et surtout la Suéde, son histoire et ses problémes, que
je connais, et encore, bien entendu, d’une fafon incompléte et
limitée. Professeur pendant quelques années á l’université d’Os-
lo, j’ai eu l’occasion aussi de suivre de prés les tentatives et les
luttes des Norvégiens en faveur de la culture humaniste, et méme
dans un certain sens d’y prendre part. Et je me fais un cas de
conscience de relever ici á quel point cette activité était forte et
désintéressée et aboutissait á de grands résultats avec des moyens
relativement petits. II en a sans doute été ainsi également dans le
passé, sans que j’ose dire depuis combien de temps, car je n’ai
observé que des reflets de cette activité ancienne. — L’humanisme
danois, dans le sens étendu et restreint du mot, nous en avons
certes tous constaté de nombreux exemples, nous l’avons admiré
et nous nous en sommes inspirés, mais il n’est pas facile pour un
étranger de dire quelles en sont la nature intime et la valeur, ni de
trouver le lien qui rattache entre elles ses manifestations trés di-
verses. — La population finnoise de la Finlande présente par bien
des œuvres son classicisme propre. En Suéde on a eu longtemps,
á cause de l’histoire commune et de l’élément de population sué-
dois, le sentiment d’une étroite parenté avec la Finlande. Si cela
n’est pas entiérement faux, on trouve toutefois dans le caractére
finnois — j’entends non finno-suédois — et dans la civilisation
finnoise tant de choses que nous sommes loin de comprendre
et qui lévent des problémes nouveaux. L’humanisme classique a
des représentants éminents de part et d’autre de la limite ethnique.