Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1941, Blaðsíða 304
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LE NORD
étre un objet de savoir ou de démonstration. C’est méme une foi
paradoxale. Il est paradoxal que Dieu ait pris chair (en la per-
sonne du Christ), que l’éternité se soit révélée á une certaine
époque de l’histoire, que Dieu se soit fait le plus humble des hom-
mes et surtout que la foi dans la vérité du christianisme soit
l’elément décisif du salut éternel. Le christianisme donne le choix
entre croire en lui ou étre scandalisé par lui. Toutes les soi-disant
preuves de la vérité du christianisme, aussi bien historiques que
spéculatives, Kierkegaard les rejette comme illusoires. A l’égard
du fait historique (l’existence du Christ etc.), on ne peut arriver
á une certitude absolue, mais seulement á une approximation.
Et une preuve spéculative ne saurait jamais garantir une réalité.
Pour celui qui choisit la conception religieuse il s’agit donc de la
, passionnée. Alors que pour la science,
, pour la foi, c’est la subjectivité (l’élé-
ment interne) qui est la vérité. Celui qui prie de tout son cœur
un faux dieu, prie un dieu vrai. Plus on reconnaít les paradoxes
de la doctrine chrétienne, plus on est obligé de crucifier sa raison,
et plus il faut que la foi ait un caractére profond et passionné.
On doit pouvoir « danser sur la pointe du paradoxe ».
En dehors des trois stades principaux, Kierkegaard envisage
deux stades intermédiaires, le stade ironique et le stade humori-
stique. Le premier fait la transition entre les stades esthétique
et éthique. Il est représenté par les hommes qui, au fond de leur
cœur, ne se sentent pas satisfaits par le stade esthétique, tout en
n’ayant pas encore « fait le saut » qui les sépare du stade éthique.
Pendant quelque temps, ils semblent se rattacher encore á
l’esthétisme, mais intérieurement, ils le considérent avec ironie.
Quant au stade humoristique, il est intermédiaire entre les stades
éthique et religieux. II est, á son tour, représenté par ceux qui
ne se contentent plus de la conception de la vie purement éthique
et humaine, mais qui commencent á la regarder d’un point de
vue « humoristique » sur une plus large base, á savoir celle de
l’éternité. Ces divers stades, Kierkegaard les distingue rigoureuse-
ment les uns des autres. Par principe ils sont différents et l’on
ne peut passer de l’un á l’autre que par « un saut », étant donné
qu’il faut une adhésion de toute la personnalité pour se rallier á
un point de vue nouveau.
roi suojective, mterieure
l’objectivité est la vérité