Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1941, Síða 262
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LE NORD
ses aventures de chasse et ses fatigues. Et, toujours, son récit a la
sobriété et la forme critique qui caractérisent sa maniére de voir
les circonstances et les événements. Le journal est ainsi, d’un cóté,
une source de connaissances scientifiques bien documentée ou
l’on peut puiser pour connaítre á fond les conditions de vie telles
qu’elles étaient dans l’Asie Centrale et l’Asie Orientale au com-
mencement de ce siécle, et de l’autre, un récit intéressant d’aven-
tures variées survenues au cours de ce long voyage. M. Sven
Hedin, qui a eu l’occasion d’étudier le journal tenu par le voyageur
durant son expédition, a dit que le Maréchal Mannerheim « fa-
gonne cette matiére inépuisable de maniére á en créer une image
vivante et d’un seul jet, une des descriptions les plus fidéles et les
plus authentiques que l’on ait jamais faites de cette partie du
monde si écartée et si difficilement accessible ».
Mais, en plus de son journal, le voyageur a rapporté des col-
lections précieuses pour la science, dont une partie trés importante
se compose d’objets ethnographiques. Les sujets les mieux re-
présentés sont les populations appelées Sartes, qui habitent le
Turkestan occidental et dans les outils desquelles se retrouve la
vie bariolée des bazars. Nombreux sont également les objets qui
caractérisent les mœurs et les usages des Abdalles, peuple curieux
qui, selon une tradition musulmane, fut expulsé de Turquie, dont
il était originaire, et réduit, sous le poids d’une malédiction, á
la mendicité pour subsister. Ce peuple, qui forme de petites
agglomérations dans certaines villes du Turkestan et de l’Iran,
se trouve étre l’objet du mépris ou de la haine de la population
locale. — Au cours de l’expédition a été recueillie aussi une im-
portante collection d’objets thibétains. Ces objets se rapportent
principalement au rite bouddhique. Trés précieuses sont les col-
lections provenant des Joegurs, peuple habitant les montagnes
du Nanshan, et presque inconnu du point de vue scientifique.
Gráce aux objets rapportés par le Maréchal Mannerheim, on
peut se faire une idée générale de la vie quotidienne de ce peuple
intéressant.
Cependant, ces colleGtions ne concernent pas uniquement les
peuples et les civilisations de nos jours. Fidéle aux instructions
re§ues, le baron Mannerheim fit, chaque fois que l’occasion s’en
présenta, des fouilles dans les endroits ou l’on savait que d’ancien-
nes villes avaient existé, et dans ceux ou les ruines parlaient encore
des temps disparus. De nombreux et précieux apports vinrent
ainsi enrichir ces collections. Elles furent encore complétées par