Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1941, Blaðsíða 49
L’HUMANISME DANS LE NORD
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qui les occupent sont sans doute tout autres que les problémes
platoniciens, et l’influence de Platon, s’il en est, reste assez
secondaire.
Si nous appelons cette attitude spirituelle idéalisme — la
croyance en une base et un principe éternels de notre vie et de
tous nos efforts dans le temps — et si nous considérons comme
une de ses plus importantes manifestations l’influence de Platon
dans la vie intellectuelle de l’Europe, il est évident que ce courant
est doublé d’un effort humaniste dans le sens originel du mot.
L’éternel est remplacé pour ainsi dire par l’idéal humain et se
trouve concentré dans les grandes figures le plus souvent de l’anti-
quité, qui constituent réellement ou par convention des modéles
dans la vie et dans la philosophie. A son tour, la conception
bumaniste marque la culture du pays et de la nation, alors méme
que les idées originelles seraient oubliées ou lointaines.
L’orientation humaniste en Suéde a été et est encore assez
mdépendante des études scientifiques dans les différents domaines
de l’antiquité. On ne devient pas humaniste parce qu’on fait, avec
la méthode des sciences exactes, des recherches dans une discipline
quelconque des études de l’antiquité. Un humaniste doué par la
gráce de Dieu comme Esaias Tegnér, qui était pendant douze
années professeur de grec, n’a guére fait des recherches helléniques
proprement dites. L’apport suédois aux études de l’antiquité,
notamment en linguistique et, á l’heure actuelle, en archéologie
et dans la science des religions, est de date relativement récente,
rnalgré les études orientales et byzantines du XVIII' siécle. La
Suéde ne posséde pas pour les anciens temps une figure dominante
comme Jean Nicolas Madvig (1804—1886) en Danemark, le
grand maítre de la grammaire et de l’art de la restitution des
textes, connaisseur de la civilisation des peuples anciens et défen-
seur d’un humanisme pratique, mais, si je ne me trompe, étranger
a la fascination de la conception platonicienne.
La force du platonisme et de l’humanisme qui l’accompagne
Se manifeste en Suéde dans d’autres domaines que l’enseignement
secondaire et la science. Il est juste de nommer parmi les grands
bumanistes modernes l’archevéque Nathan Scederblom, ancien
Professeur et historien des religions, mort en 1931, esprit vivant
et universel, qui a exercé une influence profonde et variée, bien
au delá de son importante activité cecuménique. On peut le com-
Parer par bien des cótés á Eric Gustave Geijer. II réunit á la fois
t humanisme ancien et l’humanisme moderne, et une partie du