Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1941, Síða 53
L’HUMANISME DANS LE NORD
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ne devrait pas le faire. Le mouvement a montré qu’il pouvait ré-
unir les membres de la haute-église et des églises libres et d’anciens
radicaux — gens de professions politiques et religieuses trés dif-
férentes, qui, devant les divisions présentes, les jalousies et l’indif-
férence pour ce qui soutient la valeur humaine et la civilisation,
recherchent ce qui nous permettra d’opposer quelque barriére á
l’uniformisation mécanique et a la matérialisation. Le mouvement
en faveur de l’union spirituelle paraít, sur bien des points, étre
en voie de devenir plus fort que le mépris et l’amour-propre.
Ce mouvement me semble l’élément le plus important de
l’état de l’humanisme, au sens étendu du mot, en Suéde — ou,
si l’on veut, sur le front de l’humanité. Personne ne sait á quoi
ce mouvement pourra aboutir, ni quels en seront les résultats —
cela dépend d’une réalité extérieure, qui varie de jour en jour.
Mais la tendance est importante par elle-méme. Ce mouvement
vers l’union pourra devenir un élément de modération dans la
lutte pour le pouvoir et le culte de la force qui nous pése comme
un cauchemar; il pourra éventuellement contribuer á la solution
du délicat probléme de la répartition des biens et en certains cas
faire taire la revendication d’un droit légitime problématique.
En tout cas, l’appel actuel de l’humanisme au sens d’humanité
ne saurait étre méprisé ni négligé. Que cet appel vise des tendances
extérieures aussi bien qu’intérieures, cela n’est pas étonnant.
Et par lá l’humanisme intellectuel ou littéraire et artistique,
dont nous avons parlé et qui n’est sans doute pas celui que beau-
coup de gens ou la plupart recherchent et souhaitent surtout, a
incontestablement un röle important á jouer comme critere de
l’humain. Platon, déjá, demandait que la philosophie fut un art
des mesures, et on est maintenant riche d’une expérience millénaire
* cet égard; parmi les représentants suédois de cet art je peux
nommer M. Hans Larsson, professeur á l’université de Lund.
L’humanité, doublée de la volonté de défendre la liberté
spirituelle et la dignité humaine, sans faiblesse et sans mollesse,
mais préte á répondre aux besoins de la charité, l’humanité élevée
de l’art, l’humanisme dans le sens ancien et classique, toutes ces
formes unies á une foi chrétienne sincére et large — tels sont les
fronts, si je ne me trompe pas, sur lesquels vont lutter l’humanité
et l’humanisme en Suéde. Personne ne connaít l’issue de ce
combat, mais la lutte ne pourra étre gagnée ni terminée par
1 insulte et le mépris.
On ne saurait nier que plusieurs de ces fronts sont communs
aux peuples du Nord et á leurs différents groupes et partis. Je