Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1941, Qupperneq 259
VOYAGE DU MARÉCHAL MANNERHEIM
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un mouvement vigoureux ayant pour but d’introduire un nouvel
ordre de choses dans le pays entier. Un zéle réformateur trés
ardent surgissait de tous cötés: c’était comme si la Chine s’éveillait
enfin de son sommeil millénaire.
Au cours de son voyage le baron Mannerheim df vait chercher
á reconnaítre jusqu’á quel degré les réformes pour établir ce nou-
vel ordre avaient été réalisées, surtout dans les provinces de l’em-
pire les plus éloignées de la capitale; et aussi, quelle était, de ce
fait, l’attitude de la population, et celle des fonctionnaires, res-
ponsables á l’égard de l’œuvre de réorganisation. De plus, il était
chargé de recueillir des faits statistiques concernant les habitants,
les voies de communication, les civilisations, les richesses miné-
rales, etc., afin d’établir un tableau aussi complet que possible
du Céleste-Empire. En outre, le programme de son itinéraire com-
prenait une foule de táches d’ordre purement militaire.
Les directives données par l’état-major général étaient com-
plexes; cependant, gráce á l’initiative du baron Mannerheim, le
programme du voyage prit un caractére multiple et encore plus
étendu.
Cette randonnée á travers l’Asie dut s’effectuer, pour la plus
grande partie, dans des contrées peu connues et peu explorées
jusqu’alors, et parmi des populations dont la civilisation matérielle
et intellectuelle n’avait presque pas été étudiée auparavant. Le
chef de l’expédition eut conscience qu’il s’offrait une occasion de
réunir une documentation scientifique nouvelle et importante
propre á enrichir les connaissances sur la géographie et l’ethno-
graphie, aussi bien que sur le passé et les souvenirs historiques de
l’Asie intérieure. Pour étre á méme de réaliser ce plan scientifique,
le baron Mannerheim entra, avant son départ, en relation avec
la Société Finno-Ougrienne et avec la délégation des collections
du Musée National. Ces deux institutions le chargérent de nom-
breuses missions. Il fut, entre autre, prié de recueillir des objets
archéologiques et ethnographiques, de faire des fouilles dans les
vieilles villes en ruines du Turkestan, de porter son attention sur
les figures de pierre, d’examiner les roches sculptées (pétroglyphes)
et les inscriptions, de chercher á se procurer d’anciens documents
historiques. On le chargeait aussi de rapporter des observations
sur les peuplades si peu connues du Nord de la Chine.
Pour satisfaire á toutes ces demandes, il fallait faire des études
dans plusieurs domaines scientifiques. Cependant, malgré toutes
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