Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1941, Síða 47
L’HUMANISME DANS LE NORD
4i
-p L’Islande a eu, plus que les autres pays, son histoire « clas-
sique » remarquable, qui n’est pas sans offrir des ressemblances
avec celle de l’ancienne Gréce. Elle a jusqu’á un certain degré
empreint l’humanisme islandais parfois trés savant.
Si l’on veut, du dehors, trouver des différences entre les pays
et les peuples, il faut — ce qui étonne bien des gens — remonter
á la plus ancienne forme de l’humanisme, á l’époque ou, croyant
devoir rechercher des modéles et la richesse humaine de préfé-
rence dans la philosophie, les lettres, la poésie et les arts de l’an-
tiquité, on voulait créer une nouvelle culture dans ce domaine
central. L’humanisme, depuis lors, a grandement élargi ses limites
et englobé d’autres domaines d’humanité, anciens et modernes,
proches et lointains, bien qu’en Europe et dans une grande partie
de l’Amérique nous ayons encore de la difficulté á rompre les
liens qui nous rattachent á l’antiquité.
La question se pose alors de savoir: chez quel peuple nordique
ce rattachement est-il le plus fort? La question, peut-étre, n’est
pas trés nette. On peut demander ou l’on trouve les meilleurs
philologues, archéologues, etc., ou il y a les poétes les plus congé-
niaux avec les Grecs — la Finlande posséde dans sa poésie suédoise
entre autres Émile Zilliacus et dans la finnoise V. A. Kosken-
niemi — etc. Tel n’est pas le sens de la question. II s’agit, en effet,
de savoir dans quel pays, en parlant d’humanisme et en étudiant
les questions qui s’y rapportent, on entend la communauté primi-
tive avec l’antiquité, avec son « classicisme » — communauté qui
était si vivante pour Cicéron et Horace (De arte poetica) et les
critiques grecs de la fin de l’antiquité (par ex. l’auteur du De
sublimitate). Ou trouve-t-on encore des restes de cette attitude?
Je crois que c’est en Suéde sans, toutefois, pouvoir en apporter
la preuve directe. Je signalerai pourtant quelques faits qui parlent
en ce sens. En Norvége le courant anticlassique devint parti-
culiérement fort vers la fin du XIXe siécle et réussit á supprimer
les études classiques dans l’enseignement; beaucoup de ce qui s’est
produit par la suite a été une réaction. En ce qui concerne la Suéde
actuelle, aucun gouvernement socialiste dans les pays nordiques
ne peut témoigner d’un intérét si vif pour la culture et l’enseigne-
ment du classicisme que le gouvernement suédois. Cela est du,
certes, jusqu’á un certain degré á des raisons personnelles, mais il
y a plus que cela. Les causes sont sans nul doute plus profondes.
Depuis longtemps on considére comme un lieu commun qu’en