Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1941, Page 55
L’HUMANISME DANS LE NORD
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premiére paralyse encore de nos jours l’ardeur de la lutte et de
la défense. Il faut souligner aussi que d’éminents philologues clas-
siques ont pris part á la liquidation du grec et du latin dans les
ecoles en 1896 (quoique le latin ne fut jamais complétement sup-
primé) .Viggo Ullmann, en effet, avait interprété Ammien Mar-
cellin (trois volumes, 1877—81), travail qui fait reculer le philo-
logue inexpérimenté; la famille a gardé la tradition classique —
l’un des fils d’Ullmann a déployé une grande activité comme
professeur et philologue.
L’expérience couta assez cher au pays et á sa culture, et il
fallut revenir en arriére jusqu’á un certain point en 1919. Il en
résulta que les études connurent un moment de prospérité, que
l’université eut de nombreux étudiants se destinant á l’enseigne-
rnent, et que la science norvégienne ouvrit de nouvelles voies
dans le domaine des études anciennes. Les changements se suivent
Parfois d’assez prés en Norvége, et il paraít qu’on envisage de
nouveau des mesures négatives, tout en leur donnant ici comme
ailleurs des motifs positifs. L’enseignement de l’histoire de la
civilisation dans les écoles n’atteint toute sa valeur que s’il peut
s’appuyer sur une connaissance des langues qui ne soit pas trop
faible. Sans cette base il est extrémement difficile de rendre vivant
rour les éléves un extrait de cette matiére; méme l’étude des
angues peut étre faite de maniére á créer une culture. Tels sont
es problémes que l’humanisme devra aborder dans les pays
nordiques, s’il ne veut pas subir un préjudice irréparable. — Si
l’on entend éliminer les études anciennes de l’école, la suppression
de l’élément linguistique, d’un coup ou graduellement, est un
moyen infaillible, comme le montre le « latin national » qui ap-
Paraít de temps en temps en Suéde.
Mais passons. On n’ignore pas que le christianisme et Vhu-
manisme se sont combattus en Norvége. Je ne puis dire avec
quelle force l’humanisme y a été condamné autrefois et de nos
jours. Parfois, il parait avoir été un enfant trés chéri, quoique
difficile. Pendant les derniéres années l’humanisme a peut-étre
du céder une partie de son influence au mouvement d’Oxford,
qui parfois me semble répugner á admettre tant l’humanisme que
d’autres aspects de la vocation terrestre. Si l’on considére l’hu-
ttianisme comme faisant partie uniquement de ce monde, de ce
qui n’est pas le royaume de Dieu, comme une chose dont les hom-
ttíes ne peuvent s’occuper en bonne conscience, il s’ensuit, á mon
avis, un grand danger tant pour l’humanisme que pour le
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