Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1941, Blaðsíða 59
L’HUMANISME DANS LE NORD
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de nos jours loin d’etre accessibles et ne se prétent guére á étre
utilisées á des fins de propagande culturelle, dans la mesure dont
il est question ici, n’étaient sans doute pas plus abordables il y
a cent ans, bien qu’alors plusieurs termes néo-platoniciens et
gnostiques fussent couramment employés en poésie; nous pour-
rions penser á Stagnelius. En ce temps-lá, on faisait encore trés
incomplétement le départ entre l’ancien et le nouveau platonisme,
entre Platon et Plotin. Les idées néo-platoniciennes ont bien été
transmises par voie savante, peu importe ici comment. C’est un
hasard, qui paraít voulu, que pour Wergeland et Ibsen — de
méme que pour Victor Rydberg — ce soit la fin de l’antiquité
avec son mélange de grec et d’oriental, souvent avec l’accent sur
ce dernier élément, qui ait surtout retenu leur attention et qui
représente pour eux la Gréce. Un Suédois pense au « Dernier
Athénien » et peut-étre surtout á Julien, qui est dessiné sans
aucune ombre; en réalité, il n’était certainement ni un platonicien
pur, ni un républicain. Mais il s’agit d’établir le contact entre
la civilisation ancienne et le platonisme d’une part et le christi-
anisme de l’autre, et dans ce cas l’époque de transition et de
mélange est tout indiquée. A présent on serait bien obligé de
réaliser l’union et la synthése d’une autre fa§on, méme symboli-
quement.
A cóté des grandes luttes pour une conception de la vie spi-
rituelle et la question d’une collaboration ou d’une lutte des forces,
on peut noter, je l’ai dit, un mouvement conscient pour favoriser
et répandre Vhumanité, l’élément humain dans la vie de tous les
jours, avec ou sans l’aide de la religion chrétienne. Je n’ai pas
á décrire ce cóté de l’histoire, la croissance et l’évolution de la
responsabilité sociale et de l’œuvre sociale en Norvége. II est
evident que cette histoire, sur beaucoup de points, se présente sous
un jour différent, suivant qu’on lutte par tous les moyens en vue
de réaliser un but précis ou que, l’ayant déjá atteint dans une
certaine mesure, on se sent satisfait et devient, aux yeux des autres,
un conservateur qui, voulant défendre les avantages obtenus,
craint toute nouveauté parce que, envisagée des nouvelles posi-
íions, elle se présente comme une régression. Le fait principal,
c>est ici comme toujours, de ne pas perdre de vue l’humain, la
vraie humanité — qu’on se trouve en de^á ou au-delá de la limite
du pouvoir. Cet effort en faveur de l’humanité et des conditions
humaines s’impose lorsqu’on étudie l’histoire de Norvége. Il me
semble indéniable qu’il faut une conception plus « élevée » —