Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1941, Blaðsíða 260
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LE NORD
les difficultés que présentait ce programme, il fut mené á bien.
Ainsi ce long voyage á travers l’Asie fut-il non seulement la réali-
sation de la mission militaire d’origine, mais encore une expédition
scientifique.
Ce fut l’un des premiers jours du mois de juillet 1906 qu’eut
lieu le départ de St.-Pétersbourg, et, á la fin de l’été 1908, le
voyageur se trouvait au terme de sa course, c’est-á-dire dans la
vieille capitale de la Chine d’alors, Pékin. En y arrivant, l’ex-
pédition avait derriére elle une course á cheval d’environ 14,000
kilométres. Tantót elle avait suivi les pistes caravaniéres des
époques reculées — seuls artéres de circulation reliant entre eux
les plus grands centres d’habitation de l’Asie Centrale — tantót,
quittant les voies principales, elle s’était engagée dans des contrées
éloignées qui n’avaient jamais été fréquentées méme par les cara-
vanes marchandes. Nombreux furent les endroits oú le baron
Mannerheim et son expédition pénétrérent les premiers et que
nul n’avait visités avant eux. Il chercha des régions ignorées ou
peu connues du grand continent afin de pouvoir réaliser aussi
largement que possible les buts militaires et scientifiques du pro-
gramme dont il était chargé.
Durant le voyage, l’aspect géographique changeait continu-
ellement: tantót c’étaient d’immenses déserts brulés par un soleil
ardent, tantót des chaínes de montagnes aux cimes recouvertes
d’une neige éternelle. Aussi colorée et changeante que le cadre
était l’habitation dans sa variété. Parfois l’expédition traver-
sait des contrées cultivées, dans lesquelles on rencontrait de
grandes villes populeuses, des bourgs, des forteresses, des cloítres,
des temples, etc., ou bien, au contraire, on avancait á travers
des territoires ou, sur des distances de milliers de kilométres,
on n’apercevait pour tout vestige de présence humaine que la
silhouette de quelques « yourtas » (tentes de nomades) ou
de quelque hutte. Il arrivait aussi que la caravane pénétrait au
milieu d’une nature vierge dans des paysages sauvages que la
main de l’homme n’avait pas encore touchés. L’explorateur put
ainsi observer les différents peuples et les différentes tribus dont
une partie composait la population prédominant au cœur de l’Asie
et dont l’autre comprenait les restes de tribus qui, dans . les
vallées écartées, éloignées des grandes voies de communication,
avaient pu conserver leurs mceurs et leurs usages particuliers, leurs
notions originelles, ainsi que leurs primitifs moyens d’instruction.
Certes, le voyage n’avait pas été exempt de peines et de fa-