Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1941, Síða 58
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LE NORD
ciliation étaient plus grandes qu’il ne le pensait dans sa jeunesse
certainement plus radicale. Mais la formule est restée et a été une
régle de conduite pour ceux qui ont recherché une union sans
restriction, avec un accent plus ou moins fort sur l’une des deux
parties. Naturellement, on trouve ici aussi, malgré tout ce qui
s’est passé, une sorte d’humanisme orthodoxe et assez stérile qui
ne peut rien apporter de nouveau, mais d’autre part aussi une ten-
dance active, qui ne se laisse pas lier par une formule, mais force
á poursuivre le travail pour l’unité dans la vie et dans la pensée.
Victor Rydberg, dans ses paroles, saisit — peut-étre sans le savoir
— quelque chose de l’áme intime du peuple. Sans doute, sa pensée
était moins radicale que celle d’Ibsen — mais je ne discuterai
pas la question de savoir quelle était son idée au moment d’écrire
ces paroles. — Nous constatons cependant ici un effort fonciére-
ment humaniste en Norvége et en Suéde.
Ce mouvement — l’humanisme au sens primitif — est ancien
en Suéde et s’est naturellement manifesté avant Ibsen en Nor-
vége. Rappelons le poéte que les Norvégiens considérent eux-
mémes comme leur plus grand — Henri Wergeland — bien que
l’étranger ne sache pas toujours bien l’apprécier en tout. Toujours
est-il que, quel qu’il ait été dans la vie pratique, il fut, dans son
ceuvre et dans sa pensée, dans ses efforts et son activité politiques,
de tendance universellement humaine et humaniste. II consacra
toutes ses forces á la défense de la liberté et de l’humanité dans
la société — de beaucoup de choses qu’on méprise peut-étre
aujourd’hui, mais qui entrent dans les cadres les plus larges de
l’humanité. Cela contribua naturellement á donner de la force
et de l’épine dorsale á sa vaste et géniale activité littéraire. Il
semble indéniable que lui aussi voulait une synthese de la Gréce,
dont il ne connaissait pas parfaitement tous les aspects, et du
christianisme; naturellement, il parlait, dans l’esprit du temps,
de Jésus comme le défenseur des lumiéres, etc. Il ressort de
plusieurs passages de son œuvre qu’il comptait sur la philosophie
de l’ancienne Gréce comme un élément éternel et permanent du
développement de l’humanité. Je rappelle, entre autres choses, le
curieux róle que la philosophie platonicienne et néo-platonicienne
joue dans « La création, l’homme et le Messie » (1830) comme
force centralisatrice de l’immense synthése (voir H. Koht: « La
création, l’homme et le troisiéme Empire » dans « Mélanges of-
ferts á Gérard Gran le 9 décembre 1916 par ses amis et ses
éléves », p. 77 et suiv.). Les idées néo-platoniciennes, si elles sont