Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1941, Page 261
VOYAGE DU MARÉCHAL MANNERHEIM
255
tigues — les difficultés de toutes sortes et les efforts pour les
vaincre avaient été nombreux. II est curieux de noter que les
deux compagnons du baron Mannerheim, deux cosaques de
l’Oural, hommes forts et bien trempés, spécialement choisis pour
cette expédition, ne purent résister á toutes ces épreuves. L’un fut
obligé de rentrer déjá au bout de sept mois. L’autre avait con-
tinué jusqu’aux environs de Pékin, mais il était á bout de forces
et l’on dut le renvoyer chez lui par le chemin de fer. Le chef
fut donc seul á atteindre le but du voyage.
Si l’on considére cette longue chevauchée du point de vue
sportif, c’était une performance extrémement remarquable. Mais,
comme nous l’avons déjá dit plus haut, sous le rapport scienti-
fique elle ne le fut pas moins — sans parler des résultats d’ordre
militaire.
Durant tout le voyage, le baron Mannerheim notait, presque
au jour le jour, ses observations et ses impressions dans son journal.
Et il ne se contentait pas d’y enregistrer briévement la marche
générale de l’expédition. D’une maniére détaillée et avec une véri-
table précision scientifique, il a fait la description géographique
des lieux, notant les formations du terrain, la structure géolo-
gique, la faune et la flore des contrées qu’il parcourait, aussi
bien que leurs conditions hydrographiques. II fait passer sous
nos yeux les villes et les bourgs avec leurs aspects extérieurs en
faisant revivre leur histoire. Nous parcourons avec lui les voies
de circulation et de commerce, ou bien nous apprenons á con-
naítre les conditions administratives et culturelles des villes respec-
tives, leurs dispositions en vue de la défense et leurs exercices
militaires. Il nous présente aussi des données exactes sur les villages
des campagnes, leurs surfaces cultivées, la récolte des céréales,
le nombre des animaux domestiques, ainsi que sur les richesses
minérales. Il décrit les constructions multicolores des communau-
tés monastiques, la rude vie des pélerins et les pratiques reli-
gieuses des moines. II fait la description des monuments de i’an-
tiquité, il donne une attention toute spéciale aux mœurs et aux
coutumes des indigénes, á leurs habitations et á leurs costumes,
aussi bien qu’á leur organisation judiciaire et á leur vie sociale, il
nous parle des nombreux personnages remarquables qu’il a pu
rencontrer, vice-rois et princes impériaux, mandarins et chefs
d’armées, saints et princes indigénes, il nous fait entrer dans le
détail de ses recherches scientifiques et il nous en montre les ré-
sultats, il nous narre les difficultés et les périls de son expédition,
17*